Climat: un accord aiderait à maîtriser la facture énergétique


12/11/2009 | 705 mots | ENERGIE RECRUTE | PÉTROLE, GAZ, CHARBON

Un accord mondial sur le climat est nécessaire non seulement pour lutter contre le réchauffement de la planète mais aussi éviter que la facture des énergies fossiles ne double d'ici 2030, fait valoir l'économiste principal de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Sans accord, le ratio des dépenses énergétiques rapportées au produit intérieur brut (PIB) des principaux pays consommateurs doublerait d'ici 2030, a déclaré Fatih Birol mardi, lors d'une interview à Reuters.

"Le monde a besoin d'aller vers l'objectif de 450 parties par million (ppm) pas seulement à cause du changement climatique, mais aussi en raison de l'aggravation des problèmes dans notre système énergétique et de ses implications éventuelles sur l'économie", dit-il.

Fatih Birol, auteur du World Energy Outlook, rapport annuel sur les perspectives mondiales de l'énergie publié mardi par l'AIE, fait référence à un objectif de stabilisation de la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre les plus dangereux de 450 ppm en équivalent dioxyde de carbone.

Cet objectif, ainsi que le partage entre les nations de l'effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre, seront débattus au sommet de Copenhague, du 7 au 18 décembre. Prenant l'exemple de la facture énergétique annuelle de l'Union européenne, Fatih Birol estime qu'elle pourrait plus que doubler d'ici 2030, à 500 milliards de dollars contre 160 milliards ces 30 dernières années.

"Nous pensons que c'est très préoccupant", dit-il.

Le baril de brut léger américain a atteint près de 150 dollars en juillet 2008, son record historique, pour s'effondrer à moins de 33 dollars en décembre sous l'effet de la crise. Actuellement, les cours sont repartis à la hausse et se situent autour de 80 dollars le baril.

La chute des prix du pétrole et la crise du crédit ont lourdement pesé sur les investissements en capacités nouvelles de production. L'AIE a prévenu à plusieurs reprises que les cours pourraient de nouveau flamber, ce qui entraverait une reprise économique encore fragile.

Dans ses précédents rapports annuels, l'agence soulignait déjà la nécessité d'investir dans un large éventail de moyens de production.

L'AIE ne publie pas de prévisions de cours officielles mais fait des hypothèses dans le cadre de ses analyses sur les fondamentaux du marché.

Le baril de pétrole est susceptible d'atteindre à nouveau 100 dollars d'ici 2015, et 190 dollars d'ici 2030, déclare Fatih Birol, avant d'ajouter: "Ceci signifie que si nous ne faisons rien pour notre système énergétique, nous serons en difficulté."

LA CHINE VA DEPASSER LES ETATS-UNIS

Actuellement, les Etats-Unis sont le plus gros consommateur mondial d'énergie. La demande américaine devrait rester bien supérieure à celles des autres pays mais l'écart se réduit avec la Chine, qui devrait dépasser les États-Unis vers 2025, selon Fatih Birol.

L'Inde deviendrait le troisième plus gros acheteur mondial de pétrole et de gaz autour de 2020, devançant le Japon.

A court terme, l'approvisionnement en combustibles fossiles est amplement suffisant en raison de la baisse de la demande due à la crise économique. Il y a notamment surabondance de gaz naturel et, à contenu énergétique équivalent, les cours du gaz aux Etats-Unis sont inférieurs de moitié à ceux du pétrole.

Fatih Birol table sur une surcapacité de gaz d'au moins 250 milliards de mètres cube d'ici 2015, soit plus de trois fois la capacité de 2008. Cette situation, explique-t-il, est principalement due à la forte augmentation des constructions d'usines de gaz naturel liquéfié (GNL) au Moyen-Orient et à la forte augmentation de production de gaz aux Etats-Unis.

Cependant, ce surplus sera consommé à terme et, pour éviter une crise d'approvisionnement à l'horizon 2030, Fatih Birol estime qu'il faudrait ajouter à la production actuelle de gaz l'équivalent de 2.700 milliards de mètres cube, soit "quatre Russies", pays qui possède les plus grandes réserves de gaz au monde.

La baisse de la demande de gaz a été enrayée et la reprise pourrait avoir lieu vers la fin de l'année ou au début de l'année 2010, estime l'économiste.

D'ici 2030, l'AIE table sur une diminution de moitié de la production de gaz, à 1.500 milliards de mètres cube, en raison de l'épuisement des réserves naturelles.

Mathilde Cru


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