Un projet éolien annulé pour défendre le patrimoine historique

La justice administrative a annulé l'autorisation de construire et d'exploiter trois éoliennes à Porspoder, dans le Finistère, en raison de la proximité de menhirs classés monuments historiques. Dans un arrêt rendu mardi, la cour administrative d'appel de Nantes a estimé que "le projet portait une atteinte excessive au paysage et au patrimoine archéologique". Cette décision annule ainsi l'autorisation environnementale accordée en 2022 par le préfet du Finistère.

Le site prévu pour ces éoliennes se situe près des menhirs de Kergadiou, dont l'un est dressé et l'autre couché, à seulement 540 mètres de l'éolienne numéro trois. La cour souligne que "rien ne sépare les éoliennes de ces menhirs de granit rose", classés monuments historiques depuis 1883, et que ceux-ci "marquent le paysage". La proximité et la hauteur des éoliennes auraient altéré la perception visuelle de ces menhirs, en particulier le menhir dressé de Kergadiou, perturbant ainsi leur relation avec l'environnement.

La cour rappelle aussi que le projet se situe entre 1.000 et 1.750 mètres de nombreux autres sites mégalithiques classés, tels que le menhir de Kérouézel, les menhirs de Traon-Igou et de Mesdoun, ainsi que le dolmen de Mezou Poulyot à Kerménou. À une altitude d'environ 50 mètres et à trois kilomètres de la côte, le projet aurait engendré une "covisibilité" importante dans ce paysage préservé, notamment avec le parc naturel marin d'Iroise, les îles d'Ouessant et de Molène, le phare du Four, et plusieurs autres sites touristiques.

Ce projet avait été contesté par des riverains et des associations de protection du patrimoine. L'architecte des bâtiments de France, ainsi que plusieurs communes et la commissaire enquêtrice, avaient émis des avis défavorables, mais cela n'avait pas empêché le préfet d'autoriser le projet en juillet 2022.