Total-Le sort du vapocraqueur de Carling est scellé-syndicats

La division Raffinage-Pétrochimie du groupe pétrolier doit préciser son "projet d'avenir concernant le site de Carling" lors d'un comité central d'entreprise convoqué le 4 septembre à Paris. (voir )
"On est convaincus qu'il est prévu d'arrêter le dernier vapocraqueur en activité (sur le site)", a dit à Reuters Aldo Scalzo, délégué CGT à Carling et secrétaire du comité central d'entreprise.

"Il y a de fortes probabilités que ce soit ce scénario qui va se dessiner", a confirmé Geoffrey Caillon, secrétaire CFDT du CE du site pétrochimique.

La fin de la production d'éthylène et de propylène, composants de base de nombreuses matières plastiques, pourrait entraîner la disparition de 350 emplois sur un site qui en compte 550.

Cette perte d'emplois serait toutefois partiellement compensée par des investissements dans l'activité polymères, notamment une augmentation des capacités de production de polystyrène.

"L'engagement ferme de Total, c'est de ne procéder à aucun licenciement", a précisé Geoffrey Caillon.

Selon lui, Patrick Pouyanné, le directeur général du pôle Raffinage-Pétrochimie, s'est également engagé par courrier à ne pas mettre en place des mutations géographiques forcées, sauf pour certains cadres et salariés détachés.

Un premier vapocraqueur avait été arrêté sur le site lorrain en 2008. Le second, resté éteint plusieurs mois après un accident qui a fait deux morts en 2009, n'a pas retrouvé sa pleine capacité.

"On dit que Carling perd 100 millions d'euros par an, mais c'est tout à fait logique, depuis 2009, on tourne au ralenti", s'agace Aldo Scalzo.

Les syndicalistes admettent les handicaps de Carling. Seul vapocraqueur en France qui ne soit pas adossé à une raffinerie, sans être pour autant situé dans un port, il utilise comme matière première le naphta, un sous-produit du pétrole dont les cours s'envolent quand ceux du gaz et du charbon sont en baisse.

"Il y a un excédent d'éthylène sur l'axe est", reconnaît Aldo Scalzo en évoquant le gazoduc qui relie Carling aux sites de production mieux positionnés de Feyzin, près de Lyon et de Lavéra, dans la région marseillaise.

Le placement en redressement judiciaire en mars dernier de Kem One, l'un des gros clients de Total et l'une des entreprises issues de l'externalisation d'une partie de ses activités chimiques, fait craindre une amplification du phénomène.

La CGT plaide néanmoins pour le maintien du vapocraqueur et sa conversion au gaz de houille détecté dans le sous-sol lorrain. Il pourrait, selon elle, remplacer le naphta si les réserves se révélaient exploitables dans les années à venir.

Prenant acte du désintérêt de Total pour cette solution, la CFDT, majoritaire à Carling, préfère miser sur le développement des spécialités chimiques. "C'est un site Seveso 2 où il reste plusieurs hectares disponibles pour de nouvelles entreprises", estime Geoffrey Caillon.