Les pays occidentaux se préparent à se passer du pétrole iranien


09/01/2012 | 769 mots | ENERGIE RECRUTE | PÉTROLE, GAZ, CHARBON
Les pays occidentaux se préparent à se passer du pétrole iranien © NASA photo prise de la station orbitale internationale au passage sur le détroit d'Ormuz

TEHERAN/LONDRES, 7 janvier (Reuters) - Alors que de nouvelles manoeuvres navales iraniennes sont prévues en février dans le Golfe, les puissances occidentales disposent de plans permettant de remplacer la quasi-totalité du pétrole du Golfe en cas de blocus du détroit d'Ormuz, affirment milieux pétroliers et diplomates.

Selon ces sources, de hauts responsables de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) se sont réunis jeudi pour discuter d'un plan de secours permettant d'injecter sur les marchés jusqu'à 14 millions de barils par jour, en puisant dans les réserves stratégiques des Etats-Unis, d'Europe et du Japon, entre autres.

Un tel rythme de prélèvement, qui pourrait être tenu durant un mois environ, compenserait la majeure partie des 16 millions de barils transitant chaque jour par le détroit d'Ormuz, si ce passage particulièrement stratégique venait à être fermé par les forces iraniennes.

Téhéran a menacé ces dernières semaines d'imposer un blocus à Ormuz si jamais les sanctions économiques prises par les pays occidentaux contre son programme nucléaire venaient à affecter sa filière pétrolière.

La République islamique a également mis en garde les Etats-Unis contre un éventuel retour dans le Golfe de son groupe aéronaval dans la région (voir ).

Vendredi, l'amiral Ali Fadavi, qui commande la branche navale du corps des Gardiens de la révolution, a indiqué que les prochains manoeuvres dans le Golfe auraient lieu dans la même zone que celles qui se sont achevées lundi, soit le détroit lui-même (voir ).

Les Etats-Unis, qui disposent dans la région d'une puissante flotte, ont assuré qu'ils maintiendraient le détroit ouvert. Le Royaume-Uni a pour sa part souligné que la fermeture d'Ormuz serait illégale et vouée à l'échec.

Les tensions entre Washington et Téhéran dans la région ont brièvement été atténuées avec le sauvetage de pêcheurs iraniens captifs de pirates somaliens en mer d'Oman, par un des navires du groupe aéronaval américain (voir ).

Un officier de l'US Navy a indiqué que le capitaine du bateau iranien Al Molai avait exprimé sa "sincère gratitude" aux marins américains, et que l'équipage était désormais en route vers l'Iran.

> L'IRAN EN DIFFICULTÉ FINANCIÈRE

Les sanctions financières promulguées le 31 décembre par le président américain Barack Obama visent à rendre plus difficile l'achat de pétrole iranien pour la plupart des pays.

L'Union européenne devrait quant à elle annoncer avant la fin janvier ses propres mesures d'embargo (voir ).

Les dirigeants européens s'efforcent encore de définir quel laps de temps serait accordé aux Etats de l'UE pour appliquer ces restrictions. La France et l'Allemagne souhaitent que cette durée n'excède pas trois mois, mais la Grèce, qui dépend fortement de l'Iran pour ses importations de pétrole, espère obtenir un délai d'un an.

Les marchés pétroliers estiment que l'Iran devrait rester capable de trouver des débouchés pour ses 2,6 millions de barils de brut exportés quotidiennement. Téhéran pourrait cependant devoir consentir de fortes ristournes, qui amputeraient notablement ses revenus.

Or les sanctions internationales ont un fort impact sur la population, confrontée à la hausse des prix et à la chute du rial. De nombreux Iraniens font la queue devant les banques pour convertir leurs économies en dollars.

L'objectif des nouvelles mesures américaines est d'interdire à toute institution financière entretenant des liens avec la banque centrale iranienne d'accéder au système financier américain.

Dans le cas où ce système serait intégralement mis en oeuvre -des dispenses sont prévues pour les pays réduisant leurs échanges commerciaux avec Téhéran- il deviendrait presque impossible aux raffineries étrangères d'acheter du pétrole brut à l'Iran.

Afin d'atténuer l'impact de cette mesure -le baril de brut a gagné presque sept dollars depuis son entrée en vigueur- Washington a fait en sorte qu'elle s'applique graduellement, et prévu un système de dispenses.

L'Arabie saoudite, grande rivale régionale de l'Iran, a de son côté annoncé qu'elle compenserait tout déficit de pétrole sur les marchés.

Les analystes ne s'attendent toutefois pas à un blocus du détroit d'Ormuz, estimant qu'une telle mesure ne serait dans l'intérêt d'aucune des parties et relève surtout de la surenchère rhétorique. (Avec Dmitry Zhdannikov et Simon Falush à Londres, Justyna Pawlak à Bruxelles et Hashem Kalantari à Téhéran, Gregory Schwartz pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet)


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