Pris au piège du différend gazier russo-ukrainien cet hiver, les Vingt-Sept ont organisé à Prague un sommet extraordinaire pour faire avancer le projet de "corridor sud", un dispositif destiné à connecter l'Europe aux ressources énergétiques de la mer Caspienne via la Turquie.
Le gazoduc Nabucco, qui doit relier l'Azerbaïdjan à l'Autriche, est la pierre angulaire de ce projet, encore baptisé "nouvelle route de la Soie", et celui-ci prévoit également la construction de nouvelles routes et le renforcement des réseaux de chemins de fer entre les deux régions.
Mais, alors que l'Union européenne a brillé par son inactivité en matière d'indépendance énergétique au cours des quinze dernières années, le temps lui est désormais compté.
"Le risque est simple, que l'Azerbaïdjan vende son gaz à la Russie et que le Turkménistan soit poussé à vendre à la Russie et à l'Iran", expliquait cette semaine un responsable de la présidence tchèque de l'UE.
Le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, qui devait abandonner son poste à 14h00 GMT et présidait sa dernière réunion du semestre de présidence européenne, a lui aussi fait valoir vendredi qu'il était temps "de passer des déclarations à la mise en oeuvre". "C'est le bon moment", a-t-il dit.
"Le corridor sud n'est pas une rue à sens unique pour des pipelines. Nous l'envisageons comme une nouvelle route de la soie permettant le flux d'information, des biens, des personnes et de l'énergie, dans les deux sens", a-t-il déclaré, précisant qu'il s'agissait d'une entreprise beaucoup plus complexe que la seule construction d'un conduit de gaz.
NABUCCO
La complexité de ce projet en rend d'ailleurs la réalisation finale encore incertaine et les négociations sur le transit du gaz à destination de l'Europe pourraient retarder de deux ans son lancement, initialement prévu pour 2014.
Dans ce cadre, la signature d'un accord de transit avec la Turquie en juin revêt une importance clé car elle lèverait l'un des principaux obstacles à l'arrivée de nouveaux investisseurs.
Il permettrait aussi d'y voir plus clair sur le projet ITGI, une alternative à Nabucco qui prévoit d'approvisionner l'Europe en gaz turc via la Grèce et l'Italie.
"Mon objectif est toujours de signer en juin, et donc d'avoir un accord au cours des deux prochaines semaines", a déclaré à son arrivée à Prague Andris Piebalgs, le commissaire européen chargé de l'Energie.
"Nous savons que les modifications apportées à leur gouvernement (turc) pourraient retarder ce processus mais pas de manière substantielle. Nous avons beaucoup avancé", a-t-il ensuite expliqué à la presse.
Le sommet, qui réunit une troïka communautaire (présidence tchèque de l'UE, présidence de la Commission et présidence du Conseil), les présidents azéris, géorgiens et turcs ainsi que des responsables des autres pays d'Asie centrale et du Moyen-Orient impliqués dans le projet, devait également être l'occasion de resserrer les liens énergétiques avec l'Irak, même si aucun responsable irakien n'était présent à Prague.
La déclaration finale du sommet mentionne la volonté de l'Union européenne de "signer un protocole d'accord entre l'UE et l'Irak en matière énergétique dès que possible".
L'Irak est vu comme une nouvelle source prometteuse de gaz pour Nabucco, alors que le projet est jusqu'à maintenant orienté exclusivement vers l'approvisionnement en gaz azéri en dépit du fait que celui-ci ne représente qu'un cinquième des hydrocarbures permettant de justifier sa construction.
Julien Toyer
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