MILAN, 22 août (Reuters) - L'italien Eni , qui était le principal producteur étranger de pétrole en Libye, a fait son retour dans le pays lundi, alors que l'entrée des rebelles libyens à Tripoli laisse entrevoir une possible reprise des exportations d'or noir.
Des chars et tireurs d'élite de l'armée libyenne peinaient lundi matin à résister aux assauts des rebelles dans la capitale, où des milliers d'opposants à Mouammar Kadhafi ont fêté la fin prochaine d'un règne sans partage entamé en 1969.
La chute du régime libyen pourrait ouvrir les plus grandes réserves pétrolières d'Afrique à de nouveaux acteurs, comme la compagnie nationale du Qatar ou la société de négoce Vitol, qui seront en concurrence avec les géants européens ou américains présents avant l'insurrection.
Même si le cours du Brent reculait de plus d'un dollar, les titres du français Total , de l'autrichien OMV et d'Eni affichaient des hausses comprises entre 3,3% et 5,87% vers 11h00 GMT, le marché espérant un retour à la situation antérieure à l'insurrection.
L'indice Stoxx Europe 600 du secteur pétrolier et gazier avançait de son côté de 2,28%.
Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, des employés d'Eni sont arrivés sur place pour superviser un redémarrage des installations pétrolières dans l'est du pays, même si les combats se poursuivaient dans la capitale.
"Les installations ont été construites par des Italiens, par la (société de services pétroliers) Saipem , et par conséquent il est clair qu'Eni jouera le premier rôle (en Libye) à l'avenir", a déclaré Frattini au micro de la Rai.
NOUVEAUX ACTEURS
Avant le déclenchement de l'insurrection en Libye, le pays, membre de l'Opep, produisait environ 1,6 million de barils par jour (bpj), soit près de 2% de la production mondiale.De son côté, l'autrichien OMV a dit n'avoir entamé aucune négociation à ce jour avec les rebelles.
"Nous observons la situation actuelle et son évolution de très près. Pour le moment, nous n'avons pas de discussions bilatérales avec le Conseil (national) de transition", a dit un porte-parole.
Le français Total et l'allemand Wintershall, autres acteurs majeurs du secteur pétrolier libyen sous l'ère Kadhafi, se sont refusés à tout commentaire. GDF Suez a refusé de commenter des informations faisant état de négociations avec les insurgés sur une reprise de la production. GDF Suez lui-même n'a pas de production en Lybie.
Les analystes et les spécialistes du secteurs estiment que Total et Eni pourraient émerger comme les grands gagnants de la redistribution des cartes en Libye du fait du fort soutien dont ont fait preuve Paris et Rome à l'égard des rebelles.
L'appui militaire du Qatar et logistique de la société Vitol pourraient également permettre à de nouveaux acteurs de prendre pied dans le pays.
"Le Qatar sera un gros acteur, Vitol pourrait en être un. Shell souhaite également renforcer son rôle", juge un consultant occidental spécialiste des risques et au fait des négociations.
La plupart des géants pétroliers mondiaux, comme Marathon, ConocoPhillips ou Hess, ont adopté une attitude beaucoup plus prudente concernant la Libye
"Ils sont simplement en train d'attendre et d'essayer de déterminer qui dirige ce pays", indique ce consultant, qui conseille plusieurs entreprises américaines à propos de la Libye.
BP, qui ne produisait pas encore dans le pays, a dit vouloir y retourner pour reprendre ses explorations, mais sans donner de calendrier.
(Avec Mathilde Cru à Paris, Jean Décotte pour le service français, édité par Nicolas Delame)
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