Chauffage, refroidissement, électricité : la géothermie, énergie polyvalente

La géothermie exploite la chaleur naturelle du sous-sol pour produire de l'électricité ou du chauffage, tout en émettant peu de gaz à effet de serre. Elle permet aussi de produire du froid en surface. Malgré un coût d'investissement élevé, cette énergie locale, disponible sans intermittence, représente une solution prometteuse pour réduire la précarité énergétique.

Trois techniques sont utilisées. La géothermie de surface, qui utilise la température stable du sous-sol (environ 10°C au-delà de cinq mètres), permet de chauffer et refroidir des bâtiments grâce à une pompe à chaleur en hiver. La géothermie profonde, quant à elle, puise de l'eau chaude entre 1.000 et 2.000 mètres de profondeur, avec des températures allant jusqu'à 150°C. Enfin, la géothermie de haute énergie exploite la vapeur à plus de 150°C dans les zones volcaniques, utilisée pour produire de l'électricité, notamment en Guadeloupe.

En France, la géothermie représente seulement 1% de la consommation de chaleur. Toutefois, le gouvernement souhaite accélérer son déploiement avec un objectif de production de 8 à 10 TWh en 2035, contre 2,3 TWh en 2021. La géothermie profonde est déjà bien implantée en Île-de-France, où l'aquifère du Dogger alimente 58 centrales, ainsi qu'en Alsace et près de Bordeaux.

Le rendement énergétique est élevé : pour un kilowatt-heure d'électricité consommé, la géothermie produit trois kWh de chaleur, ce qui est bien plus efficace qu'un radiateur électrique traditionnel. Cependant, son coût initial reste un frein majeur. Les forages profonds coûtent des dizaines de millions d'euros, et les campagnes de prospection plusieurs centaines de milliers. Le fonds de garantie mis en place depuis 1982 couvre principalement la région parisienne.

Environ un million de Français sont actuellement chauffés ou refroidis par la géothermie de surface. Cette technologie intéresse de plus en plus les collectivités, les entreprises et les bailleurs sociaux, car elle permet de lutter contre la précarité énergétique tout en s'adaptant aux besoins de rafraîchissement croissants liés au changement climatique. Des projets comme la Samaritaine à Paris ou le siège d'Airbus à Toulouse ont d'ailleurs déjà adopté cette solution.